Ronald Prud’homme, un homme de cœur et d’actions, a marqué les 15 dernières années par son dévouement exceptionnel envers les personnes vulnérables, laissant une empreinte indélébile dans le milieu des ressources intermédiaires.

Virage professionnel et engagement communautaire

M. Prud’homme n’a pas toujours évolué dans le secteur de la santé et des services sociaux. Fort de 25 ans d’expérience dans le monde corporatif, en tant que directeur marketing, communications et administratif, il a éventuellement décidé de se réorienter vers un milieu bien différent, celui du communautaire.

En 2009, Ronald et sa belle-sœur Carole Longval, déjà impliquée auprès de la Résidence Letourneux, ont fait l’acquisition conjointe de cette ressource intermédiaire. Ce qui n’était au départ qu’un simple investissement pour Ronald est rapidement devenu une véritable vocation. Animé par une profonde passion, il a consacré les 15 dernières années de sa carrière professionnelle à la Résidence Letourneux, s’investissant corps et âme pour le bien-être des personnes vivant avec des troubles de santé mentale. Cette transition s’est opérée naturellement, comme s’il avait toujours été destiné à œuvrer dans ce domaine d’activité.

De petits pas vers une « belle stabilité »

M. Prud’homme a rapidement tissé des liens forts avec ses résidents, instaurant une relation de confiance et devenant une figure de stabilité et de réconfort pour les personnes hébergées.

Lors de notre entrevue, il souligne l’aspect gratifiant d’observer l’impact positif de son travail sur autrui.

« C’est un environnement qui vous apporte beaucoup de retours positifs. Je peux affirmer qu’il n’y a pas eu un seul jour, en 15 ans, où je n’étais pas heureux d’aller travailler. »

Il est indéniable que la principale motivation de M. Prud’homme était de guider ses résidents et résidentes vers l’atteinte d’un état qu’il qualifie de « belle stabilité ». Cette quête de stabilité, unique à chaque personne, semble avoir été le moteur de son dévouement. Pour lui, accéder à cette stabilité peut signifier avoir gagné en autonomie, savoir se valoriser ou même se sentir utile à la société.

Parfois, cette stabilité peut se manifester par la simple joie de participer à un groupe de loisirs ou par l’acceptation de leur condition et le bien-être qui en découle. Chaque pas vers cette « belle stabilité » est un pas vers le bonheur, et c’est cette évolution vers le mieux-être que M. Prud’homme trouve la plus gratifiante.

La réalité d’une RI en santé mentale

L’importance d’un environnement bienveillant

Une ressource intermédiaire représente un milieu de vie de longue durée pour les personnes qui y sont hébergées. Une RI est également un lieu où elles peuvent trouver stabilité et bien-être grâce au travail dévoué du personnel. Ronald Prud’homme partage que certains résidents craignent de perdre leur place en RI s’ils atteignent un certain degré de stabilité. Selon lui, ce sont l’encadrement et les soins prodigués qui permettent aux personnes vulnérables de vivre au meilleur de leurs capacités. Il souligne que la longévité en RI contribue à cette stabilité. « La clé c’est que les gens se sentent confortables et sécurisés dans leur environnement ». Cette « belle stabilité » est le fruit de l’environnement bienveillant de la résidence.

Il peut arriver que des résidents, ayant retrouvé une certaine stabilité, choisissent de leur propre initiative de quitter la ressource intermédiaire pour tenter une vie indépendante. Parfois, cette transition se déroule avec succès, mais il se peut aussi que leur situation se détériore, les obligeant à reprendre les démarches pour intégrer un nouveau milieu de vie adapté à leurs besoins.

Le jumelage-pairage

En ressource intermédiaire, ce sont les établissements de santé et de services sociaux (CISSS et CIUSSS) qui placent les personnes vulnérables dans le milieu d’hébergement qui leur est adapté.

Les RI ne sont pas homogènes et présentent des dynamiques de groupe distinctes. Cela implique que ce qui est bénéfique pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre. Ronald Prud’homme illustre cette réalité par un exemple concret. Des résidents anxieux qui partagent un même milieu de vie se comprennent et la cohabitation est généralement harmonieuse. Toutefois, si une personne bruyante et perturbatrice est introduite dans cet environnement, l’anxiété des autres personnes hébergées pourrait être exacerbée. C’est une réalité que Ronald a pu observer au cours de ses 15 années d’expérience.

Il note également que les équipes traitantes des établissements ainsi que le personnel des CISSS et CIUSSS peuvent ressentir de la pression lors du processus de jumelage-pairage. Cette réalité s’accentue face à l’alourdissement des besoins des résidents et lors de situations urgentes, dans un contexte de surpopulation des établissements. Parfois, malgré la bienveillance et les efforts déployés, des usagers se retrouvent dans des milieux de vie qui ne sont pas tout à fait adaptés à leur situation/état. Cependant, Ronald conserve une vision optimiste concernant l’évolution constante des processus et l’effort de groupe (intervenants, IQS et équipes traitantes), envisageant un futur où les transferts de résidents seraient plus faciles.

L’implication de Ronald au sein de l’ARIHQ

Ronald s’est impliqué activement au sein de l’ARIHQ pendant environ 10 ans. Il a apporté sa contribution en s’impliquant au sein de deux comités essentiels : le Comité formation et le Comité local de concertation (CLC) de l’ARIHQ pour le territoire de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Il a contribué à l’élaboration de formations, à la recherche de formateurs, à la résolution de problèmes et à la promotion des bonnes pratiques. Son implication a été importante pour le développement des compétences et la qualité des services des ressources intermédiaires en santé mentale.

L’apport de M. Prud’homme au Comité formation était très pointilleux. Grâce à son expérience terrain, il avait une facilité à suggérer des contenus pertinents pour les formations dédiées aux RI en santé mentale. Il poussait les formateurs à aller plus loin et à aborder des notions/interventions qui allaient permettre aux employés et gestionnaires de ces ressources d’intervenir adéquatement lors de situations délicates précises.

Ronald a proposé plusieurs formations pour les RI en santé mentale, notamment des ateliers sur la gestion du stress, la communication avec les résidents, la prévention des conflits, la détection de l’intoxication, la gestion des situations d’urgence et la communication avec les équipes traitantes. Il a également donné son avis sur les formations organisées par l’ARIHQ, en fonction de ses propres expériences et de celles de son personnel.

Au tournant de sa retraite, bien que la vente de la Résidence Letourneux (maintenant Maison Letourneux) ait marqué la fin d’un chapitre important, Ronald a su garder un lien privilégié avec les résidents et le personnel qui ont jalonné son parcours. Soucieux d’assurer une transition en douceur, il a veillé à transmettre aux nouveaux propriétaires, Marie-Pierre et Ronny, les clés d’une gestion réussie d’une ressource intermédiaire.

Le témoignage vibrant de Ronald illustre avec force l’impact qu’un accompagnement empreint de bienveillance et personnalisé peut avoir sur la vie de personnes vulnérables. Une véritable leçon d’humanité, qui restera gravée dans les mémoires bien au-delà des murs de la Maison Letourneux.

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